Les 4 dynamiques de la lecture : intellectuelle, émotionnelle, créative et culturelle
- Roseline Pendule

- 5 nov.
- 3 min de lecture
Nous croyons encore souvent que lire correspond à une activité de loisir associée à du repos superflu ou à une activité cérébrale à la limite de l'ennui en se concentrant sur la compréhension d'un texte retors.

Ces deux dimensions ne sont pas à exclure de nos conceptions. En effet, la lecture qui repose, qui détend "uniquement", joue un rôle essentiel dans nos quotidiens surchargés. D'un autre côté, il faut s'attarder sur la compréhension des textes, de tous les genres, de toutes les exigences qui forge l'intellect.
Il ne faut cependant pas s'arrêter là. La lecture n'est pas qu'une activité oisive ou mentalement abstraite. Elle constitue une expérience complète, un dialogue entre nous, le texte, le monde et ce que nous devenons en le traversant.
Lire active quatre forces qui se répondent : l’intellectuelle, l’émotionnelle, la créative et la culturelle. Quand ces quatre piliers sont tous présents, la lecture devient une aventure de transformation.
La dimension intellectuelle de la lecture : comprendre pour penser
La compréhension est spontanément associée à la lecture, mais hors cadre scolaire, comprendre n’est pas résumer, reformuler. L'intérêt est de relier, questionner, creuser et confronter. C’est faire travailler son esprit critique et construire du sens à partir de ce qu’on lit.
Lire intellectuellement revient à se demander : qu’est-ce que ce texte me dit sur le monde ? Qu’est-ce qu’il change dans ma manière de voir les choses ?
Quand nous activons cette dimension parmi les 4 dynamiques de la lecture, cette dernière devient un outil d’émancipation intellectuelle. Nous ne lisons plus pour savoir, mais pour penser par nous-mêmes.
La dimension émotionnelle de la lecture : ressentir pour s’ouvrir
La recherche menée à l’Université du Mans dans Les émotions de lecture : la parole aux lectrices et aux lecteurs rappelle que :
« Lire, c’est aussi vivre une émotion, une expérience intime, qui nous relie à nos propres souvenirs, à nos imaginaires, à nos vulnérabilités. »
Cette phrase est essentielle parce que les émotions de lecture ne sont pas accessoires : elles sont la porte d’entrée vers la compréhension profonde. Quand nous pleurons, sourions ou frissonnons à la lecture d’un passage, nous ne faisons pas “que réagir”, nous comprenons avec ce que nous sommes à l'instant T de la découverte du texte. Pour s'en convaincre, il suffit de sonder nos "réactions" lors de relectures espacées de plusieurs années.
C’est souvent là que tout bascule : un roman, un essai, une phrase nous touche, nous irrite, nous interroge et quelque chose change dans notre regard sur soi ou sur les autres.
Lire avec émotion, c’est apprendre à se rencontrer à travers les mots d’autrui.
Les 4 dynamiques de la lecture : la créativité pour imaginer pour exister
Chaque fois que nous lisons, notre cerveau invente : il complète les images, recrée les scènes, choisit les visages, les lieux, les voix. Même lorsque nous sommes capables d'affirmer ailleurs que "nous n'avons pas de créativité", pas d'imagination. Vraiment ? A chaque fois que nous lisons quelques lignes, nous devenons co-auteurs du texte. Cette puissance créative est trop souvent oublier par les lectrices.
Lire n’est pas recevoir un monde, c’est en fabriquer un et si nous voulons nourrir notre créativité (pour écrire, enseigner, rêver, entreprendre, évoluer…), lisons avec un crayon, un carnet et une question : qu’est-ce que je pourrais inventer à partir de ce que je viens de lire ? Comment cette idée, cette ambiance, cette émotion peuvent nourrir mes propres créations ?
Notre lecture devient alors un atelier silencieux où notre imagination forge de nouvelles formes.
La dimension culturelle de la lecture : relier pour grandir
Lire permet aussi de s’inscrire dans une histoire plus vaste que soi. Chaque texte est une porte vers d’autres époques, d’autres voix et d’autres pensées. Cette dimension culturelle est celle de la transmission : elle relie les savoirs, les générations et les sensibilités.
Nous lisons un texte du passé et soudain cet extrait nous parle d’aujourd’hui. Nous lisons un auteur d’un autre continent et nous comprenons un peu mieux le nôtre. C’est là que la lecture devient un acte politique et poétique à la fois : une manière de ne pas céder à la réduction du monde, de continuer à penser large, à tisser du sens, à se sentir y appartenir.
Lire active ces quatre dynamiques à la fois
Ces quatre dimensions de la lecture se nourrissent mutuellement. Une lecture purement intellectuelle, sans émotion ni imagination, reste stérile. Une lecture uniquement émotionnelle, sans compréhension ni lien culturel, devient éphémère.
Quand les quatre piliers de la lecture se rencontrent, la lecture devient une expérience intégrale : nous pensons, nous ressentons, nous imaginons, nous relions. Alors, nous intégrons des notions, des réflexions, des émotions qui nous font grandir dans tous les domaines. Et, au passage, nous mémorisons mille choses sans même le vouloir ! Quels pouvoirs !








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