Apprendre en créant : les bienfaits de la créativité pour les enfants
- Roseline Pendule
- il y a 12 heures
- 5 min de lecture
Nous le savons, apprendre par cœur n’est pas une solution pour que nos enfants entretiennent des connaissances à long terme et encore moins, le plaisir d’apprendre. Lorsque l’intérêt premier n’est pas là, que la compréhension est incomplète, apprendre par cœur revient à remplir un seau percé. Mais alors comment faire pour que nos jeunes ancrent des savoirs au cours de leur parcours scolaire ? Pour qu’ils prennent goût aux découvertes ?

Et si l’on arrêtait de croire que la créativité est un « plus », un luxe, un supplément d’âme facultatif dans l’apprentissage ? Si elle était, au contraire, l’un des moteurs les plus puissants pour apprendre durablement, profondément et joyeusement ? (même si, a priori, elle ne m’a pas appris à limiter les adverbes 😊)
Dans cet article, je vous embarque avec moi pour démonter quelques idées reçues et vous montrer pourquoi – et surtout comment – la créativité peut transformer l’apprentissage des enfants. Accrochez-vous : la simplicité de la démonstration pourrait bien bousculer quelques croyances tenaces.
Apprendre en créant : connecter et comprendre
Quand l’enfant crée, il connecte. Et quand il connecte, il comprend. Et je parle de l’enfant, car il est mon sujet ici. Mais cette façon de faire se retrouve quelque soit l’âge. Créer n’est pas juste une manière de « faire joli » ou de « laisser libre cours à son imagination ».
Au cours de l’acte de création, le cerveau s’active à tous les niveaux :
Le canal visuel (je vois les mots, les formes, les ressemblances, les oppositions…),
Le canal kinesthésique (je touche, je trace, je manipule et j’ancre dans mon corps),
Le canal émotionnel (je ressens des émotions qui sont les facteurs qui laissent le plus de souvenirs),
Le canal de la pensée active (je transforme, je donne du sens, je valorise les liens, j’en établis de nouveaux).
Un enfant qui fabrique une frise historique à partir de ses propres dessins n’est pas passif : il trie les informations, les hiérarchise, les illustre, les commente. Il ne se contente pas de « savoir », il comprend, incarne et réinvente. Pur cela, il est obligé de passer par l’appropriation des savoirs et ça, le cerveau adore.
Créer pour s’approprier le savoir
L’acte de création en partant d’un savoir demande d’être actif dès le départ. Il faut en effet déjà bien recevoir le message du professeur, du livre ou du support audio pour avoir de la matière à transformer. Ensuite, seulement, ce que l’on crée peut devenir nôtre, tandis que les cours magistraux entendus les mains vides (et l’esprit vagabond) glissent avant d’être oubliés.
Vous avez déjà remarqué à quel point l’on perçoit la différence lorsqu’un enfant récite une leçon ou une poésie et lorsqu’il réexplique à sa façon quelque chose qu’il a appris. Il y met alors ses mots, ses images et ses références. Ses exemples sont parfois emprunts d’humour, d’instants vécus ou de rappels contemporains. On sent que le contenu expliqué lui appartient. Il en est de même quand on crée.
L’enfant qui crée autour d’une nouvelle connaissance doit se l’approprier. Il se positionne, synthétise l’essentiel, structure les informations, reformule. Autant de compétences indispensables à l’apprentissage à long terme. Tout cela se passe conjointement par exemple quand l’enfant :
réécrit une fable à sa sauce,
imagine un dialogue entre deux personnages historiques,
transforme un exposé en BD ou en jeu de rôle,
dessine son cours de maths,
entretient un journal photo de SVT,
transforme des cartes géographiques,
invente un manga de physique-chimie en exagérant les résultats des expériences,
…
La créativité sert les objectifs scolaires
Il est ainsi évident que la créativité a toute sa place dans les apprentissages scolaires. Comme dit au début, elle n’est pas un simple plus, un plaisir facultatif ou une largesse de professeur qui ne se rend pas compte de l’ampleur du programme à intégrer. Je le répète : il ne s’agit pas de décorer les leçons, de tracer des fleurs dans son cahier, mais bien de vivre les apprentissages, d’être actif face aux savoirs.
Et en mentionnant les programmes, il est tout à fait normal que les parents et les enseignants craignent que la créativité « prenne du temps » ou qu’elle détourne l’enfant des apprentissages. Les attendus sont nombreux et les semaines courtes. Néanmoins, introduire la créativité dans les apprentissages scolaires peut produire l’inverse de cette appréhension.
Quand elle est bien cadrée (oui, la créativité peut être cadrée et c’est même ainsi qu’elle apporte tous ses bienfaits), bien pensée, la créativité devient un accélérateur pédagogique, car :
Elle rend les savoirs concrets, bien plus faciles à saisir par les enfants que l’abstraction.
Elle développe l’autonomie, l’esprit critique et la clarté d’expression qui ne font qu’augmenter au cours des années scolaires pour donner des élèves efficaces.
Elle crée un lien affectif avec ce que l’élève apprend. Et ce lien est fondamental pour retenir et donc bâtir les connaissances d’année en année à l’heure où il faut tout reprendre à chaque niveau sous peine de perdre la majorité de la classe.
La créativité n’est donc pas un détour, mais la voie royale sur laquelle peuvent reposer les apprentissages.
Trois idées simples pour faire de la place à la créativité
Voici trois pistes très simples pour inviter un enfant à apprendre en créant, à la maison ou en classe :

1. Révision créative
Demander à l’enfant de transformer une leçon en affiche, en carte mentale ou en bande dessinée. Il devra ainsi réfléchir à ce qu’il garde, ce qu’il illustre, comment il structure sa présentation afin qu’elle soit compréhensible.
2. Journal de découvertes
Une fois par semaine, proposer à l’enfant de décorer une page pour raconter ce qu’il a appris. Il peut y coller des images, écrire un résumé, inventer une mascotte, ajouter des bulles. Tout est permis tant que cela reste lisible. On peut l’encourager au début à choisir une couleur par domaine d’apprentissage, puis l’aider à remarquer les liens entre les notions, les époques, les thèmes. C’est à la fois un outil de mémorisation et une trace émotionnelle.
3. Fiche “inversée”
Plutôt qu’apprendre une fiche, l’enfant crée sa propre fiche explicative comme s’il devait l’offrir à un camarade ou à son parent. Il devient passeur. Et donc expert.
La créativité comme base des apprentissages et aide à l’attention
Vous l’avez compris, la créativité n’est pas une perte de temps que l’on permet aux enfants afin de leur offrir un petit plaisir entre deux cours. Elle est une clé qui donne du sens, ancre les savoirs et nourrit la confiance grâce à une construction progressive et solide de la mémorisation.
Elle a aussi un atout supplémentaire. Au lieu de rappeler sans cesse les enfants à l’ordre, en leur demandant d’être attentifs, de se concentrer, d’arrêter de gigoter, incitons-les à créer. Ils auront alors les mains occupés, l’esprit aux aguets pour écouter avant de pouvoir façonner et ils n’auront plus l’impression de s’ennuyer.
Alors, quelle part de l’apprentissage allez-vous transformer en aventure créative ?
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