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Le rapport Brundtland en courrier

Roseline Pendule

Aujourd'hui, parlons écologie avec une Chronilettre signée par Mme Brundtland qui donna son nom au célèbre rapport sur le développement durable de 1987. Le fichier avec la missive et ses activités complémentaires ainsi qu'une activité manuelle pour les plus jeunes se trouve en bas de page. Bonne lecture !


20 mars 1987,

                                                                                          Oslo, Norvège.


                     Madame, Monsieur,


Aujourd’hui, après plusieurs années de travail acharné durant lesquelles

la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies n’a cessé de multiplier les études, je suis en mesure de vous présenter mon rapport. Intitulé « Notre avenir à tous », cet écrit dresse le bilan de

la situation mondiale et offre une définition du développement durable et de

ses enjeux.


Une prise de conscience de l’empreinte écologique des êtres humains sur la planète est indispensable. Le changement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles, la déforestation et la désertification sont autant de domaines à prendre en compte et à incorporer dans cette définition.

Le développement durable a donc pour principe de satisfaire les besoins des générations actuelles sans mettre en péril les besoins des générations futures.

Voilà quinze ans que la coopération mondiale se détériore. Je crois que l’heure est venue de vivre de plus grands espoirs. Sur les trois dernières années, la crise causée par la sécheresse en Afrique a connu son point culminant, menaçant 35 millions d’habitants.


En Inde, une fuite de pesticides dans une usine a empoisonné deux mille personnes. À Mexico, des réservoirs de gaz liquide ont éclaté. En Europe, l’explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl a menacé la santé de toute la population. Dans le Rhin, un incendie d’entrepôt situé en Suisse a provoqué le déversement de produits chimiques à usage agricole dans le fleuve, tuant des milliers de poissons et mettant en péril l’approvisionnement en eau potable de l’Allemagne et des Pays-Bas. Chaque année, six millions d’hectares de terres propres à la culture deviennent désertiques.


Mais nous sommes capables d’améliorer nos techniques et notre organisation sociale afin d’entamer une nouvelle ère de croissance économique.                            

La pauvreté généralisée n’est pas une fatalité. La misère est un mal en soi et tant qu’elle sera permise, le monde sera toujours sujet aux catastrophes écologiques.

Le développement durable signifie d’abord la satisfaction des besoins élémentaires de tous. L’existence de démocraties, qui garantissent la participation du peuple

aux décisions concernant leur pays, permet à la justice de naître.

Les plus aisés doivent veiller à ce que leur mode de vie respecte les limites écologiques de la planète notamment quant à leur consommation d’énergie.


La croissance démographique trop forte pèse sur les ressources donc une évolution en harmonie doit éclore entre les populations et les productions. Je ne prétends à aucun moment que cela sera simple. Des choix douloureux s’imposent. La volonté politique est au cœur de ce débat.

Pour évoquer des exemples concrets, la production de céréales est continuellement suffisante pour nourrir la planète. Toutefois, là où les récoltes abondent, elles demeurent protégées et ne circulent pas dans les parties du globe qui en ont le plus besoin. La disparition des espèces animales n’a jamais été aussi rapide. Pourtant, cette diversité est garante d’un équilibre écologique essentiel.


Il apparaît urgent de produire plus avec moins, évidemment dans les domaines de l’énergie. Mon rapport dresse l’état critique mondial et appelle chacun à prendre ses responsabilités.

Nous pouvons y arriver,


 

Mme Gro Harlem Brundtland

Présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU.




 

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