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  • Roseline Pendule

Ecrire : La patience


Ah la patience ! Quel horrible mot ! Je ne l'ai jamais aimé. Pourtant, c'est rare, les mots que je n'aime pas. Mais, celui-ci, je n'y peux rien, il n'a pas été fourni avec l'équipement de mon berceau. Pourtant, s'il est bien une activité où la patience est reine (rien que de l'écrire, mes poils se hérissent) c'est bien celle de l'écriture.

Car c'est bien joli de vouloir croquer la vie à pleines dents pour emplir notre boite à idées. Mais ça prend du temps. Se balader, discuter, sauter à l'élastique (même pas en rêve), c'est agréable, nécessaire. Mais c'est aussi du temps durant lequel on n'écrit pas.

Et il ne faut pas que du temps pour courir à travers l'existence. L'écrivain a de drôles de lunettes (transparentes ou non) qu'il doit porter à chaque instant. Des lunettes d'observation qui aiguisent son œil sur la vie qui l'entoure. La nature, le drôle de bonhomme plié en quatre dans sa R5, tout cela est passé au crible de votre regard unique sur la vie. Alors, ce temps passé à ne soi-disant rien faire assis sur un banc au bord d'un cours d'eau, ça fait partie du travail. Sauf, qu'une petite voix se fera un plaisir de vous susurrer que vous n'agissez pas, pire, que vous perdez votre temps !

Et ce n'est qu'un début car une fois vos morceaux d'existence appréciés, il faudra les laisser en gestation. Tout comme l'idée première qui est arrivée par bonheur il y a déjà quelques jours. Une idée est envoûtante, elle brille, elle sait se faire belle. Le risque est alors grand de se laisser charmer et de finir plus mal qu'Ulysse et les sirènes. La noter, oui, bien sûr. Mais ne pas aller plus loin surtout. Elle n'est pas mûre. Il faudra de la patience pour la laisser grandir davantage. Pour qu'elle prenne des contours plus précis. Pour qu'elle commence à envahir totalement votre esprit de petites ramures porteuses de sens. Alors, patience.

Qu'importe, un créatif a toujours quelque chose à faire. Notamment entretenir et travailler sa créativité. Tous les moyens sont bons tant que l'on se fait une raison. Toutes ces heures passées à la table, toutes ces soirées en train de gribouiller, ça prend du temps. Enormément. Et l'esprit non pleinement convaincu risque d'y voir, une fois de plus, quelque chose d'ignoble : du temps perdu. De ces essais, des ratures, rien d'intéressant à publier dans le futur. A moins de vous laisser aller vraiment et de découvrir un fait surprenant. Là, sous un trait, derrière un mot, elle apparaît. Votre idée s'est frayée un chemin jusque sur votre brouillon, entre deux dessins. Voilà qui est bon signe. Elle sort de son trou. Elle veut vivre. Alors, encouragez-là.

Doucement, sans la brusquer, prenez votre temps et ne travailler plus "pour rien", créer pour elle. Ce ne sont pas les outils qui manquent. Nous en parlerons bientôt. Vous l'avez compris, nous ne sommes pas pressés.

Nota Bene : par soucis d'honnêteté, je dois avouer que les phrases ci-dessus, pleines de bon sens, sont d'une hypocrisie absolue. Devoir prendre son temps est une chose. L'accepter et le vivre en est une autre. Quand on pense au temps qu'il faut pour faire naître une histoire, en faire un livre, le voir publier… Le temps de patience n'en finit jamais. En revanche, une organisation bien rôdée permet de palier à cette maladie de l'impatience. J'en parlerai peut-être une prochaine fois. Pour le moment, prenons plaisir à créer avec des outils plein d'efficacité.

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