La Chronilettre de cette semaine est envoyée par une reine qui se trouve en proie à de nombreux questionnements. Les responsabilités pleuvent sur ses épaules. Elle vous explique tout cela.
Je rappelle que les Chronilettres sont à disposition sur ce site, pour un plaisir de lecture, un point de culture générale, un partage en famille ou en classe.
Bonne lecture !
1338,
Paris.
Honorable lecteur, lectrice,
Me voici face à la plus difficile mission que le destin pouvait me confier. Mon mari, le roi de France Philippe VI se déplace de plus en plus à cause du conflit qui oppose notre royaume à l’Angleterre. Aujourd’hui, pour pallier ses absences, il vient de me donner les pleins pouvoirs. Je règne donc seule sur notre pays. Cela ne s’est jamais vu ! Une reine sur le trône du roi ! Quelle charge !
Je viens d’une famille qui maîtrisait le jeu royal, bien sûr. Ma mère, Agnès de France, était l’une des filles du roi Louis IX dit Saint Louis. Mariée à Robert II, duc de Bourgogne, elle devint régente du duché et nous éleva mes frères, sœurs et moi, dans le respect des traditions princières. Les garçons lisaient leurs miroirs aux princes, ces livres destinés à leur transmettre le savoir nécessaire à leur rang pendant que je suivais mon traité d’éducation. J’appris peu de politique mais beaucoup de leçons de morale. Il semble que les femmes doivent représenter des figures de paix.
Mon éducation ainsi que l’argent versé par mes parents, la dot, convinrent à Philippe de Valois qui m’épousa durant l’été 1313. Ce frère du roi Philippe IV le Bel organisa notre mariage au château de Fontainebleau. Ainsi je pris les titres de mon conjoint. D’abord comtesse du Maine, puis comtesse de Valois et d’Anjou et enfin, reine de France depuis déjà dix ans que mon époux est devenu Philippe VI.
Me voici maintenant seule sur le trône à espérer que la guerre débutée l’année dernière contre l’Angleterre ne durera pas trop longtemps. Plusieurs défaites face aux armées du roi Edouard III m’inquiètent. Cet Anglais revendique encore le trône de France…
En attendant, je dois exercer la régence, décider comme le ferait un roi, et trouver de l’argent pour nos armées. Je crains que mon rôle soit difficile car nombreux sont les sujets qui me détestent. J’ai la malchance d’être boiteuse. Certains voient ma jambe défaillante comme une malédiction. Quant aux jalousies que peut entraîner mon pouvoir…
Enfin, je me montrerai digne de cette responsabilité tout en continuant de veiller sur mes enfants dont Jean II qui devra un jour reprendre le trône de France. Souhaite-moi de réussir…
Concernant des domaines plus légers, je pense confier une traduction au moine de Vignay. Ses travaux du latin au français sont une richesse pour notre royaume et je veux prouver mon engagement culturel. Peut-être que les Épîtres et Évangiles des dimanches et des fêtes m’aideraient à trouver grâce aux yeux de tous ?
Jeanne de Bourgogne.
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