Eh oui, cher parent, cher heureux non parent, l’heure de la rentrée a sonné ! (mais oui, mais oui, l’école a repris !)
Avec ses horaires militaires et son rythme qui règle jusqu’aux grandes vacances des retraités, la rentrée se matérialise aussi visuellement – admirez ces rangs d’enfants portant leurs carapaces de tortues instruites – et tactilement, je vous laisse savourer les coups de sacs et autres cartables dans le bus… ça nous manquait !
Justement, je sais que cette question vous taraude sans fin depuis ce matin : ce cartable, dont le bord en plastique renforcé vient d’atterrir sur votre petit orteil droit, outch ! pour rester poli, d’où vient-il exactement ? Quand son histoire a-t-elle commencé ?
Qui a inventé le cartable ?
Alors, loin de moi l’idée faire le cancre d’emblée mais il n’y a pas un inventeur du cartable bien identifié. Autrement dit, ce n’est la faute de personne en particulier si vous avez passé trois heures le week-end dernier sur Internet à hésiter entre le bagage scolaire à paillettes et celui avec les licornes. Le cartable n’est qu’un sac courant qui a évolué pour s’adapter aux besoins des enfants scolarisés. Il ne se révèle nécessaire qu’au cours du XIXe siècle lorsque les chères têtes blondes, brunes, rousses, raides ou frisées, sont encouragées à rejoindre en grand nombre les bancs de l’école.
L’instruction devenue obligatoire en 1882, les écoles voient donc défiler toutes sortes de sacs faits maison, portés en bandoulière. Ces besaces contiennent le matériel, le déjeuner et le goûter de l’enfant puisque la cantine n’est pas encore née. La mère de famille espère réaliser quelques économies en fabriquant ce bagage en tissu car l’équipement coûte déjà assez cher à la majorité des familles. Rappelons que pour les plus modestes d’entre elles, les enfants n’allaient jusque-là pas à l’école pour pouvoir contribuer au travail familial dans les champs ou ailleurs.
L’économie du cartable est ainsi une évidence même s’il y a des inconvénients gros comme des gouttes d’eau. En effet, le sac en toile fait main n’est pas imperméable. Il demeure en l’état jusqu’au XXe siècle avec néanmoins quelques disparités. Tandis que de nombreuses petites filles se contentent de paniers en osier en guise de cartables, les enfants des montagnes se régalent avec leurs mallettes en bois. Mallette qui sert également de pupitre une fois dépliée sur les genoux puisque le matériel scolaire juste naissant se fait attendre dans les classes les plus reculées. Là même où les élèves transforment leur cartable rigide en luge d’appoint dès qu’une pente neigeuse pointe le bout de son nez blanc.
Évolution du cartable
Le sac-gibecière, porté sur l’épaule, perdure tel un cartable de chasseur bien décrit par Marcel Pagnol dans La gloire de mon père. Il connaît un important changement pendant l’entre-deux-guerres. Désormais, le cartable est fabriqué en carton bouilli. Il est résistant, imperméable, se cire comme du cuir, tout en étant beaucoup moins cher. Les modèles en cuir se bousculent chez les familles les plus aisées, arborent des poches et se replient comme des portefeuilles.
Après la Seconde Guerre mondiale, le cartable est fabriqué en série. Sa solidité doit lui permettre de passer d’un enfant à l’autre dans une fratrie. Les modèles en cuir sont les premiers à être équipés de deux bretelles. Le cartable est enfin confortable à porter et on peut donner des coups avec sans s’en rendre compte. Joie !
Il faut attendre les années 50 pour que la traditionnelle forme rectangulaire du cartable à double fermeture en métal devienne une institution. Tout est chamboulé vingt ans plus tard avec l’arrivée du plastique (c’est fantastique). Les cartables sont alors moins coûteux, plus colorés. Très tôt et pour le plus grand plaisir de nos yeux de parents émus, les héros et héroïnes du jeune public ornent ces incontournables de la rentrée. Heïdi et Goldorak, go !
Mais rien ne dure, ma bonne dame, c’est bien connu. 1980 et son sac à dos débarquent en trombe pendant que le cartable à petites roulettes tente de détrôner son ancêtre à bretelles. Ce dernier est d’ailleurs de plus en plus décrié. Le nombre de livres et de cahiers ayant augmenté, le poids de la carapace devient un problème de société (avec 8 kg en moyenne pour un enfant de 10 ans, quand même).
La mouvance continue son chemin. De pratique à esthétique, le cartable vacille entre l’inquiétude des kinésithérapeutes de maternelles et les lycéens aux sacs accessoires de mode. On parle à présent du cartable numérique. Cet ordinateur à clavier contiendrait le nécessaire pour l’école et une clé USB suffirait à tout transporter. Il est donc grand temps d’aller écrire l’Histoire du stylo avant que les élèves ne sachent plus en tenir un ! Bonne rentrée !
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