L'auteur du célèbre roman Le Grand Meaulnes écrit à sa muse, à son premier amour, qui tient une place majeure dans son récit. Il partage aussi quelques indiscrétions... Bonne lecture !
Juillet 1913,
Paris
Chère Yvonne,
Cela fait bien longtemps que je ne vous ai écrit mais vous savez à quel point ma nouvelle vie parisienne est mouvementée. Je dis nouvelle, non que j’aie déménagé. Mais parce que j’ai enfin tourné une page de ma vie.
Jamais je ne vous oublierai, Yvonne de Quièvrecourt. Depuis cet été de 1905 où je vous ai aperçue au Grand Palais, vous n’avez cessé d’occuper mes pensées. Vous étiez si belle... Nos conversations, lorsque vous m’avez ouvert votre fenêtre, ont fait battre mon cœur comme rien au monde par la suite. Chaque seconde en votre compagnie est gravée dans ma mémoire.
Je dois toutefois me rendre à l’évidence. Vous êtes une femme mariée désormais. Mère de deux enfants, vous n’avez que faire d’un secrétaire comme moi. Et puis, ma Simone est une compagne agréable. Notre liaison s’enflamme même parfois. J’ignore si notre relation serait la même si son mari n’était pas mon patron. Ma foi, je me contente de vivre le présent.
Me voici donc un autre homme, débarrassé de mes chagrins d’amour. Et savez-vous ce que j’en ai fait ? Je les ai noyés dans l’écriture. Mon roman Le Grand Meaulnes paraît ce mois-ci dans la Nouvelle Revue Française et bientôt sous forme de livre. Vous y lirez toute l’importance que j’accorde à l’amitié. Et au premier amour évidemment.
Notre rencontre y est contée presque mot pour mot. Vous y figurez sous les traits d’Yvonne de Galais. Mais c’est aussi l’enfance que j’ai voulu aborder dans ce roman. Mon personnage, François Seurel, fils d’instituteur, oui, comme moi, est fasciné par le nouvel élève Augustin Meaulnes. Leurs aventures vont les faire grandir…
Enfin, je vous laisse découvrir la suite.
Amicalement,
Henri Alban Fournier
Dit Alain Fournier.
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