Je suis en train de me faire un nouvel ami avec Stendhal qui apparaît d'une manière ou d'une autre, en ce moment, dans mes journées qui n'ont, pourtant, rien à voir avec lui, sans vouloir le vexer. Ainsi, le syndrome de Stendhal ne pouvait échapper à ma curiosité. Moi qui aime tant l'art, qui aimerais parfois voyager rien que pour saisir les beautés disséminées de mes propres yeux, je comprends parfaitement les symptômes du syndrome de Stendhal ou comment l'art peut nous rendre malades.
Syndrome de Stendhal : définition
Le syndrome de Stendhal se définit par une expérience émotionnelle si forte en présence de l'art qu'elle engendre des manifestations physiques. Dans le contexte du voyage, une personne découvre des œuvres, des bâtiments et des paysages qui l'impressionnent tellement qu'elle en suffoque, qu'elle en perd l'équilibre.
Stendhal a donné son nom à ce syndrome, car il l'a lui-même vécu lors de sa visite de la ville de Florence, en Italie. Dans son journal de 1817, il note :"J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, ce qu'on appelle les nerfs, à Berlin. La vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber." Les médecins de l'époque avaient d'ailleurs l'habitude de soigner des vertiges chez les touristes visitant l'Italie.
Syndrome de Stendhal : symptômes
Bien que le phénomène du syndrome ne soit pas officiellement répertorié dans les troubles médicaux formels, il est suffisamment décrit dans les récits personnels pour que ses manifestations se recoupent. Les symptômes se révèlent sur un spectre assez large, allant de la moiteur des mains aux hallucinations les plus folles. Entre les deux, l'anxiété et la confusion sont courantes. Les palpitations cardiaques, déjà évoquées chez Stendhal, sont souvent mentionnées.
Le visiteur ou la visiteuse est tellement impacté(e) par la beauté de sa découverte que son physique semble frappé, submergé. Le syndrome stendhalien demeure une expérience très personnelle. En effet, il n'y a aucun critère objectif concernant l'art ou le paysage déclencheur. La source peut aussi bien être une architecture classique qu'un concert de musique contemporaine. Seul le contexte culturel personnel de l'individu semble influencer l'impact de la rencontre artistique.
Syndrome de Stendhal : prévenir et guérir
Le terme guérir du syndrome de Stendhal est un peu fort. Toutefois, les malaises étant toujours d'actualité, notamment chez les touristes qui appellent les médecins florentins à la rescousse lors de leurs bouffées d'angoisse, on peut se demander comment ne pas succomber à une œuvre d'art.
Il est intéressant pour cela de regarder l'expérience de Stendhal. L'écrivain français, pour faire passer son malaise, s'est assis sur un banc et a sorti de son portefeuille un poème d'Ugo Foscolo. Le rythme des vers lus et relus l'a aidé à se rétablir. Comme si l'apaisement venait d'une complicité entre le poète et le lecteur. N'y aurait-il donc que l'art pour nous aider à supporter l'art ?
Prévenir le syndrome de Stendhal
Aucun de nous n'est épargné par l'impact de l'art. Et si cela interroge sur nos rapports à la création artistique, encore et toujours, on peut se demander plus concrètement comment réagir si l'on est touché par le syndrome de Stendhal. La prise de conscience constitue déjà une grande étape. Elle permet de se préparer avant une visite ou un voyage, en se disant que nos réactions peuvent nous dépasser. Nous saurons alors respirer davantage, faire des pauses et, pourquoi pas, emmener dans notre poche une poésie relaxante.
Pour ma part, je n'ai pas le souvenir d'une expérience si forte en admirant des œuvres d'art. Je sais, en revanche, que cette beauté me nourrit, je la sens parfois pénétrer littéralement mes yeux pour aller toucher mon âme. Et ce qui augmente cette sensation est aussi ma certitude que l'art est un langage universel qui enjolive l'expérience humaine. Et vous, avez-vous déjà été submergé par l'art ?
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