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Roseline Pendule

Un esclave vous écrit

Une nouvelle Chronilettre aujourd'hui afin de partager l'enthousiasme de ce jeune esclave qui se réjouit de sa liberté acquise. La lettre fictive est basée sur des faits réels. Elle complète un cours d'histoire de 4e, elle propose une lecture courte pour apprendre autrement, pour raviver sa culture générale. Je vous souhaite une bonne lecture !

10 juillet 1766,                    

                                                                                  Angleterre.

                        Chère lectrice,

                                                     

Libre ! ça y est, je suis libre ! Lorsque l’officier anglais qui m’a acheté en Amérique m’a annoncé cela j’ai eu trop de mal à y croire.

Je ne sus que dire, que faire. La peur que je ressentais face à ce changement de vie supplémentaire s’évanouit. Il faut dire que depuis mon achat par ce nouveau maître anglais, j’étais inquiet. Ma vie d’esclave m’a prouvé que l’on ne sait jamais ce que vous réserve le lendemain. Alors, encore un autre maître, et qui m’emmène avec lui en Angleterre…


Mais tout cela s’est envolé. Libre ! Quel bonheur absolu ! Mes yeux en pleurent encore de joie. Ne t’étonne pas si quelques traces humides imprègnent cette lettre.

Que vais-je faire maintenant ? Disposer de moi-même ne m’est plus arrivé depuis mes onze ans. Je me souviens encore de ce jour où mes parents étaient partis à leurs travaux habituels et que j’étais à l’extérieur avec les autres enfants.


Soudainement, deux hommes et une femme avaient franchi nos murs. Sans que nous ayons eu le temps de comprendre ce qui nous arrivait, nous étions bâillonnés, attachés et les trois intrus nous avaient entraînés dans la forêt. Nous avions longtemps marché, nous éloignant de notre village du Biafra.


À partir de là, je suis passé de maître en maître, toujours captif. J’ai connu plusieurs maisons en Afrique avant de devenir l’esclave de marchands européens qui m’ont emmené de l’autre côté de l’océan.


Le bateau était empli par mes semblables de tous âges, enchaînés les uns aux autres. Nous nous entassions dans la cale où une écœurante puanteur nous étouffait presque. Plusieurs de mes compatriotes sont morts de maladie et certains ont profité d’une baisse de la garde pour se jeter à la mer.


Après notre débarquement, on nous a dirigés vers la cour d’un marchand. Nous y fûmes parqués comme des moutons. Puis, la vente eut lieu. Au signal du roulement de tambour, les acheteurs, marchands ou planteurs, se précipitaient dans l’enclos où nous étions et choisissaient le lot qu’ils préféraient.


Ensuite, pendant plusieurs semaines, je fus employé à désherber et à ramasser des pierres dans une plantation. Je devins après la propriété de Monsieur King. Il m’avait acheté car je comprenais un peu l’arithmétique et qu’il cherchait un commis. Nous nous sommes installés à Philadelphie et il m’envoya à l’école sous le nom de Gustave Vasa…

Que de bouleversements n’aurai-je vécu dans cette vie ?


Enfin, je crois pouvoir affirmer que ce passé demeurera loin derrière moi et que je lui échapperai désormais. Il faut que je cherche à m’établir. À Londres, peut-être ? Que pourrai-je avoir comme métier pour gagner ma vie ? Pourquoi pas barbier ? Il doit y avoir de la demande dans cette ville…

 

Prends soin de toi !

Olaudah Equiano



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