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  • Roseline Pendule

Cher journal, 13 Mai.


Nous sommes le 13 mai et j'ai envie de faire mon petit bilan depuis le début du mois d'avril. Comme d'habitude, les jours s'enfilent plus vite que des perles surexcitées sur leur fil de nylon (imagine la scène). Mais à quoi bon se répéter, il est grand temps de se faire une raison.

Je suis reconnaissante de cette période tout juste écoulée. J'ai eu l'impression d'évoluer un peu plus vite, un peu plus intensément et lorsque l'on connaît ma patience légendaire, on sait que cela a de quoi me satisfaire.

Au début du mois dernier, une nouvelle activité est entrée dans ma vie. Je travaille en librairie. C'est à la fois une évidence pour moi qui ne vit que par les livres et une surprise car je n'avais pas anticipée cette activité. L'important est que cela me plaît énormément et m'ouvre à d'autres curiosités. Quel bonheur ! (Bon, après on ne va pas se mentir non plus, hein. C'est crevant, exigeant, déstabilisant… bref, pour le monde des Bisounours, tu repasseras. Et le pire, c'est que j'adore ça !)

Bien sûr, j'ai eu ma dose d'inquiétude quant à mes autres activités précédemment commencées. Aurai-je le temps de me consacrer encore à fond à l'écriture ? A la création et à l'animation de mes ateliers culturels ? A mes participants aux ateliers d'écriture ? Et je ne te parle pas de ma vie privée…

Quel est le constat un mois et demi après ?

Premier constat négatif, impossible de préparer un atelier culturel. J'ai bien quelques sujets en attente mais je n'ai pas pris le temps de me poser pour la préparation donc aucune date proposée. C'est une histoire de temps c'est certain mais cela me fait aussi me rendre compte que plus j'avance, plus je fonctionne à l'inspiration. Oh la capricieuse ! Peut-être… ou alors c'est, au contraire, que je me révèle. Il ne me suffit plus d'un sujet à traiter, j'ai la nécessité que le besoin urgent d'en créer la réalisation se fasse sentir en mon intérieur et pour ça, forcément, il faut le temps que ça émerge. Donc, ce sera sûrement au feeling jusqu'à l'été et comme pour la rentrée de grandes choses se dessinent, je pense que ça prendra un élan nouveau.

Deuxième constat mitigé, j'ai trop tardé entre deux ateliers d'écriture. J'ai la chance formidable d'avoir un groupe motivé et investi qui reprend avec entrain à chaque fois que l'on se retrouve. Entre les vacances scolaires où j'évite de planifier des rendez-vous que tout le monde aurait du mal à honorer et un début d'avril chargé, la séance de la semaine dernière s'imposait dans le calendrier. Et, comme à chaque fois, elle s'est surtout imposée dans le plaisir partagé. Nota bene, veillez à temporiser cette organisation sur le calendrier.

Troisième constat positif, je suis assez traditionnelle au fond, je garde le meilleur pour la fin. L'écriture se porte bien. S'est-elle déjà aussi bien portée d'ailleurs ? Oui, j'ai eu quelques phases hyper productives à droite à gauche mais là, je tiens le rythme d'un processus créatif accéléré. Les idées se multiplient avec une substance qui me surprend et la pile de projets pousse comme les petits pois de l'année dernière plantés sur le compost. (Est-ce vraiment une comparaison à garder ?)

Au-delà des idées, les phases d'écriture sont agréables et ce que j'aime par-dessus tout, ce sont ces phases d'urgence, tu sais, quand là, tu as LA phrase qui va te faire commencer, quand là, tu as LA scène qui sera un premier jet pas trop mal et qui permettra de tirer le fil suivant. Alors, comme diraient certains, je plane à fond ! Et c'est trop bien !

Ce qui me fait rebondir sur cette croyance erronée du temps nécessaire pour travailler. Je pense que de nombreuses personnes maintiennent leur rêve d'écriture bien sagement et tristement enfermé dans une boîte qu'ils ouvriront "lorsqu'ils auront le temps", "lorsque ce moment sera passé", "lorsque ce sera les vacances", "lorsque ce sera la retraite". Lorsque les poules auront des dents et les vers de terre des caries, oui ! A l'inverse, combien de livres ont été écrits dans les transports quotidiens ? Combien de phrases mises bout à bout avant de s'endormir épuisé en fin de journée ? Beaucoup assurément. La seule différence en fait, c'est ceux qui ne peuvent pas vivre sans écrire et ceux qui survivent sans. Ceux qui s'écoutent enfin et ceux qui repoussent à demain. Ceux qui ont compris qu'il était temps et ceux qui se cachent derrière le calendrier plein. A ces derniers, dont j'ai fait partie pendant trop longtemps, je souhaite d'ouvrir leur cahier et d'entamer ce merveilleux chemin du délié et de la rature. La plus belle des aventures.

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